Ardelaine, créer une filière pour une matière locale et biosourcée peu valorisée en France

Ardelaine, rare structure française à valoriser la laine des éleveurs qui est jetée par ces derniers faute de solutions

Détails du projet

  • Structure porteuse : SCOP ARDELAINE
  • Nature de l'initiative : Démarche multi acteurs (collective ...)
  • Localisation : 363A route de Tauzuc 07190 Saint-Pierreville
  • Date de début : janvier 1982

Piliers de l‘économie circulaire

  • Allongement de la durée d'usage
  • Consommation responsable
  • Approvisionnement durable
  • Economie de fonctionnalité
  • Ecologie industrielle et territoriale
  • Recyclage
  • Eco-conception
Description

Depuis sa fondation en 1982, Ardelaine est un projet coopératif en perpétuel renouvellement, dédié à la laine et à l'artisanat. En Ardèche, l'équipe fondatrice a restauré une ancienne filature de laine, lançant ainsi une aventure humaine et socio-économique hors du commun. Tous les processus, de la transformation jusqu’à la commercialisation font partie intégrante du projet d’Ardelaine.  En effet, Ardelaine s’est donné pour objectif de structurer une filière de laine locale à partir des rebuts des éleveurs. De fait, la laine est tondue puis rachetée aux éleveurs. Elle est ensuite lavée en partie en Italie, Espagne et majoritairement dans le Massif central à Saugues.  Dans un souci écologique, la laine n'est pas traitée : ni au lavage, ni pendant la confection.Elle est ensuite cardée et transformée en articles literie dans les ateliers de Saint Pierreville. Les productions mailles (tricotage et confection) sont réalisées dans les ateliers de la coopérative de Valence (26) et Charlieu (42) après filage et teinture chez des partenaires. Les produits de la filière sont proposés en vente sur place mais également sur foires et salons bio ainsi que via un site de vente en ligne

Fortement attachée à la création d'emplois en milieu rural isolé, Ardelaine a vu son effectif s'accroître régulièrement, rassemblant désormais une équipe de près de 60 personnes. En plus de proposer une gamme variée de produits en pure laine, Ardelaine a développé des activités culturelles et touristiques : musées, librairie-café, espace de restauration, etc. 

En adoptant la forme de SCOP (Société Coopérative et Participative), Ardelaine s'est engagée à valoriser le travail collectif et à offrir une voix égale à chaque salarié coopérateur. Grâce à cette approche, près de la moitié des bénéfices économiques sont redistribués entre les salariés, encourageant une solidarité et une équité salariale qui perdurent encore aujourd'hui.

 

Résultats qualitatifs et chiffres clés

Les engagements d’Ardelaine : Le juste prix, l’écologie, entreprise du patrimoine vivant et coopérative de territoire.

Objectifs économiques :

Attachée à structurer la filière laine, Ardelaine s'engage sur un paiement stable de la matière première collectée auprès des éleveurs d'Ardèche, Drôme et Allier, en dehors des logiques de marché. La laine, considérée comme rebut, est donc rachetée par Ardelaine selon une grille de prix définie en fonction de la qualité et du type de laine. La laine est ensuite valorisée.

Mettant la coopération au cœur de son modèle économique, les clients sont considérés comme de véritables partenaires du projet d’Ardelaine. 

Initialement le projet a pour vocation de valoriser les ressources locales. Si l’essentiel des activités tourne autour de la laine, c’est aujourd’hui tout un projet touristique et culturel incluant également une offre de restauration qui se développe. Ainsi, des ressources alimentaires (Fruits, légumes, viandes, poissons, céréales, etc.) sont également valorisées localement dans une stratégie d’approvisionnement durable et de consommation responsable avec un fonctionnement en filière très important. Ces activités viennent en complément de la filière laine pour favoriser l’économie directe, c’est à dire mettre en lien les producteurs et les consommateurs. De plus, elles permettent de faire connaitre et de donner de la visibilité aux activités implantées dans ces zones rurales. C’est donc une offre culturelle proposant deux musées et un accueil avec un service de restauration-café et librairie qui permettent une dynamique autour du lieu. La dynamique touristique vient alimenter la dynamique textile et le chiffres d'affaires de la coopérative a trois piliers : le site touristique, le commercial extérieur et la vente à distance.

Objectifs environnementaux :

Même si la laine est une matière majoritairement abandonnée en France aujourd’hui, Ardelaine structure un réseau avec 170 éleveurs partenaires dont la laine est considérée comme un rebut. Repenser une économie locale et créer de l'emploi à partir d'une ressource abandonnée.

Objectifs sociétaux : 

Au cœur du projet d’Ardelaine réside un objectif essentiel : favoriser le développement local en créant de nouveaux emplois et en préservant les postes existants, tant dans les zones rurales que dans les milieux urbains ou péri-urbains. En effet, la coopérative a deux petits ateliers près de Charlieu dans la Loire et un atelier plus important dans la ZUP de Fontbarlettes à Valence dans la Drôme.

Ardelaine se distingue par son approche proactive en matière de formation en interne, écartant ainsi le recours aux IAE (Insertions par l'Activité Économique). Leur priorité est plutôt de préserver les savoir-faire traditionnels en tant qu'Entreprise du Patrimoine Vivant, soulignant leur attachement au développement continu des compétences. De plus, chaque salarié est polyvalent afin de favoriser une approche plus transversale des compétences et du projet. 

Avec une logique centrée sur le développement durable, Ardelaine s'engage à jouer un rôle actif dans le tissu économique et social.

 

Chiffres clefs :

Après plusieurs années Ardelaine collecte entre 65 et 70 tonnes de laine par an et a créé 60 emplois

La structure accueille près de 16000 personnes sur place par an.

Chiffres d’affaires 2022 de 3 003 635€

Historique et perspectives de l’initiative

Historique : 

Dans les années 1972-1982, Ardelaine voit le jour grâce à dix années de travail acharné pour réhabiliter le patrimoine bâti et maîtriser les métiers artisanaux. Cette entreprise de persévérance rassemble des personnalités engagées, telles que l'architecte Gérard Barras, la gestionnaire Catherine Chambron, le mécanicien Pierre Tissier, l'institutrice Simone Tissier, l'orthophoniste Béatrice Barras et le compagnon du devoir Frédéric Jean, appuyés par de nombreux bénévoles.

En 1982-1991, la coopérative Ardelaine se concrétise avec le projet ambitieux de restructurer la filière laine locale, de la tonte des moutons à la commercialisation des produits finis, dans le respect de l'environnement. Progressivement, Ardelaine développe une gamme de produits allant des matelas aux vêtements, privilégiant les circuits courts et la vente directe aux particuliers. Au fil des années, l'entreprise s'ouvre à l'Europe avant de recentrer ses activités sur son site.

La période 1991-2000 est marquée par la création d'un musée de la Laine. La coopérative investit dans de nouveaux bâtiments de production et regroupe jusqu'à 23 salariés en fin d'année 2000. Le musée s'enrichit également d'un parcours sur l'industrialisation du travail de la laine.

De 2000 à 2012, Ardelaine poursuit son dynamisme en améliorant ses produits et ses relations avec les clients. De nouveaux sociétaires rejoignent l'aventure et un nouveau bâtiment voit le jour pour accueillir un café-librairie, un restaurant locavore et une conserverie, créant ainsi de nouveaux emplois.

De 2012 à 2023, Ardelaine continue son essor touristique en développant des parcours de visites guidées et des ateliers laine, attirant de plus en plus de visiteurs. Sur le plan de la production, l'entreprise innove en transformant les chutes de tricot en feutre de paillage ou en fils recyclés, en proposant de nouveaux produits et en explorant de nouveaux lieux de vente. L'équipe s'étoffe avec près de 60 personnes travaillant sur le site, faisant d'Ardelaine une véritable coopérative de territoire.

Source de l’historique : https://www.ardelaine.fr/blog/ardelaine-scop-economie-sociale-et-solidaire-aventure/histoire-economie-sociale-solidaire/

 

Perspectives

Ardelaine poursuit sa quête d’une valorisation qualitative de la laine locale. L'entreprise explore de nouvelles voies telles que le développement de l'utilisation de laine noire, jusqu'alors sous-estimée, pour approfondir la valorisation des gisements existants.

L'engagement d'Ardelaine en faveur du développement durable se concrétise par la confection de fils recyclés ou de feutre de paillage, exploitant ainsi les chutes de vêtements ou les laines courtes pour réduire au maximum les déchets et promouvoir une économie circulaire. 

Ardelaine adopte une approche globale et transversale en matière de développement durable. La valorisation du bois local comme source de chauffage est à l'étude, une centrale photovoltaïque alimente eau chaude et électricité en autoconsommations, travaux d'isolation, etc. L'enjeu pour Ardelaine étant d'activer sa transition énergétique dans une démarche plus respectueuse de l'environnement. L'installation de panneaux photovoltaïques et la collaboration transversale démontrent un réel engagement dans une démarche plus respectueuse de l’environnement.

Facteurs d'accélération et freins

Facteurs d'accélération d'Ardelaine :

  • Maîtrise complète de la filière, de la production à la pédagogie.
  • Importance donnée au sens et à la valeur ajoutée de l'entreprise.
  • Impact du tourisme sur le développement de l'activité.
  • Forts des réseaux Laine et partenariats
  • Une communication efficace 
  • Une croissance organique et gestion des flux de production bien établie.

 

Freins à surmonter :

  • Défi de recruter des personnes compétentes avec les savoir-faire techniques requis d’où l’enjeu de formation en interne
  • Localisation géographique éloignée, rendant la circulation et l’accès difficile malgré l'attrait du territoire.
  • L’institutionnalisation et la normalisation des pratiques d’économie circulaire peut freiner les acteurs quand leurs pratiques préexistent car cela qui impliquent des coûts, notamment l’intervention d’un bureau d’étude pour faire assoir une légitimité préexistante. Par exemple, dans le cas de la loi AGEC, Ardelaine a dû faire appel à un bureau d’étude pour attester de leurs pratiques d’économie circulaire. 

Domaines d’activités

  • Artisanat
  • Commerce
  • Culture

Ressources

  • Alimentaire
  • Energies renouvelables
  • Emploi
  • Textile
Mise en oeuvre

Partenaires

  • Filature Terrade
  • Cette entreprise de filature a joué un rôle essentiel dans le démarrage d'Ardelaine en fournissant une avance de trésorerie et en proposant des formations techniques à l'équipe.


  • Association Bergerades
  • Un partenariat solide s'est établi depuis les années 90 avec l'Association Bergerades, qui vise le développement local à travers des projets culturels et économiques. Leur soutien a notamment permis la création d'un restaurant et d'un atelier de transformation alimentaire sur le site d'Ardelaine.


  • Clients Solidaires
  • Les clients d'Ardelaine, sensibles à la démarche de l'entreprise, se sont regroupés en un réseau informel appelé "Les clients solidaires". Ils ont contribué par divers moyens, tels que la diffusion du catalogue, des souscriptions financières, une participation active lors des événements, et bien plus encore.


  • Partenaires de l'Économie Sociale et Solidaire
  • Ardelaine est une société coopérative participative et membre de divers réseaux, tels que l'Union régionale des SCOP Rhône Alpes, la Confédération générale des SCOP, et le réseau REPAS (Réseau d'Echanges et de Pratiques Alternatives et Solidaires). L'entreprise a également fait appel aux finances solidaires à travers des organismes tels que les CIGALES et la société financière la NEF.


  • Partenaires institutionnels
  • Ardelaine a été soutenue par différentes collectivités publiques, dont l'État, le département de l'Ardèche, la Région Rhône Alpes et l'Europe. Des fondations privées, telles que la Fondation de France, la Fondation du Crédit Agricole et la Fondation du Crédit Coopératif, ont également apporté leur soutien. De plus, un partenariat public-privé a été établi avec la Communauté de communes des châtaigniers dans le cadre d'un Pôle d'Excellence Rurale soutenu par l'État.

Moyens humains

60 personnes polyvalentes salariées dont 50 personnes en ETP. Les salariés sont nombreux à avoir plusieurs champs d’actions. Les fonctions support sont portées par 10 ETP environ. 

Financeurs

  • • Les sociétaires
  • 134 sociétaires dont 31 salariés
    Ardelaine compte beaucoup de sociétaires extérieurs.


  • • Les clients solidaires

  • • Il y a également eu une levée de titres participatifs pendant des phases de développements du projet.

  • • Pôle d’excellence rural a financé les bâtiments liés aux activités touristiques par appel à projet.

Financement

Quel est le temps de retour sur investissement ? 40 ans d’investissement sur des machines du 19 ieme siècle.
Documents

Lien(s) web

 https://www.ardelaine.fr
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Auteur de la page

Chloé Paillaud Duboy

Modérateur

Oriane Marignier

Chargée de mission économie circulaire Pôle Innovation et Animation Territoriale