Dessintey, aller à l’essentiel pour consommer moins de ressource

Dessintey propose des technologies de thérapie éco-conçues, réparables et produites à 80% en local.

Détails du projet

  • Structure porteuse : Dessintey
  • Nature de l'initiative : Démarche individuelle (entreprise ...)
  • Périmètre : Région stéphanoise
  • Localisation : Parc Technologique Metrotech Bâtiment 6 FR – 42650 St-Jean-Bonnefonds
  • Date de début : janvier 2017

Piliers de l‘économie circulaire

  • Allongement de la durée d'usage
  • Eco-conception
  • Consommation responsable
  • Economie de fonctionnalité
  • Ecologie industrielle et territoriale
  • Recyclage
  • Approvisionnement durable
Description

Créé en 2017 par 3 co-fondateurs, Dessintey est une jeune entreprise du dispositif médical spécialisée dans les technologies de rééducation intensive (neurologique et orthopédique) pour accélérer le retour à l’autonomie des patients en situation de handicap. Elle développe, produit et commercialise des équipements à destination des établissements de santé.

Issue d’une collaboration pluridisciplinaire (médecin-chercheur, professeur, ingénieur), l’entreprise réalise la conception et l’assemblage de ses différents dispositifs médicaux à Saint-Etienne où elle est basée en s’appuyant sur un large réseau de partenaires industriels.

Son premier dispositif, l’IVS3 (Intensive Visual Simulation) répond au besoin des patients victimes d’un AVC ou d’un SDRC, de récupérer la motricité de leur membre supérieur. En se basant sur la thérapie miroir, l’IVS va rééduquer la capacité du cerveau à planifier le mouvement. En favorisant la plasticité cérébrale. “Voir un mouvement, c’est presque le faire"

Travailler avec un écosystème local
 

Au-delà de l’expertise en matière de santé, l’écosystème stéphanois est riche en compétences industrielles et, en particulier, dans la mécanique, l’électronique,  ou encore l’optique qui sont nécessaires au développement des produits de Dessintey. L’entreprise a ainsi pu trouver toutes ses ressources sur le territoire pour développer leur premier produit en seulement 2,5 ans et le labelliser CE afin pour sa mise sur le marché.

Des devis avaient été faits en Asie, au Portugal et au Maghreb. Le coût de certains composants est d’environ 30 à 40% plus cher en France mais Nicolas Fournier est convaincu que la qualité des échanges, la réactivité et la capacité de réponse aux exigences médicales des partenaires de proximité permet de réel gain économique. “On ne gagne pas d’argent mais on gagne en coût de développement !”

En réalisant ce travail, Dessintey s’est rendu compte de la présence de beaucoup de potentiel sur le territoire. Le choix de travailler avec des partenaires locaux a aussi permis un développement dans la bienveillance et la proximité favorisant la relation humaine dans la collaboration. Travailler en local permet d’avoir des partenaires plutôt que des sous-traitants et donne la possibilité de faire des tests et des petites séries. Cela facilite aussi la gestion des flux et des stocks permettant une meilleure résilience de la chaine d’approvisionnement.

D’autre part, la possibilité de s’assoir à une table et de discuter du projet dans la même langue permet un gain de temps qui est au final un gain économique. En effet, lorsque des négociations sont en cours, les équipes de Dessintey sont parfois en stand-by sur le projet. L’attente représente alors un coût.

Par ailleurs, lorsqu’on s’adresse à un fournisseur local, même si le coût initial est beaucoup plus cher, il est parfois possible d’envisager un prix acceptable grâce à une démarche qui vise à repenser la conception du produit en coopération avec le partenaire. Les équipes de Dessintey s’inscrivent de manière assez systématique dans une démarche de challenge très fort sur les coûts de revient afin de renforcer leur créativité et aller chercher des solutions économiques et écologiques performantes.

Dessintey va proposer deux nouveaux produits en fin d’année qui embarquent de l’électronique. Le même processus va donc être lancé pour trouver des partenaires en local. Environ 6 à 8 entreprises pour l’implantation des cartes électroniques sont consultées dans un rayon géographique régional (jusqu’à Valence).

Cette démarche ancrée dans l’ADN de Dessintey marque ses clients qui font des remontées pour saluer cette initiative.


Design, ergonomie et éco-conception


Dessintey est porteur d’innovations techniques et d’usage. Ils développent leurs produits en co-création avec des designers, compétence stéphanoise d’excellence, afin de répondre au mieux au besoin de santé pour lesquels leurs produits sont destinés. Cette créativité leur permet d’être flexible lors des discussions avec leurs fournisseurs et de pouvoir créer des pièces dont le coût économique est raisonné. Les produits sont alors également éco-conçus.


Efficacité et éco-conception


Le travail avec les designers a permis de se concentrer sur la fonctionnalité et l’hyper simplification. La question à se poser sans cesse : « Est-ce que le client est capable de payer beaucoup plus cher pour cette fonction ? ».

Dessintey a mis en pratique cette méthode de conception pour développer leur nouveau produit de rééducation. Le premier design de ce dispositif contenant de nombreux composants électroniques contribuant à apporter des fonctionnalités “intelligentes” comptabilisait une vingtaine de modules. Suite à des tests patients et en prenant en compte le coût de revient et de recyclage, la décision de réduire de 30% la composition du produit. Cet arbitrage “technique” a aussi permis d’améliorer l’efficience du dispositif dont la seule fonction doit rester le soin et rien d’autres qui ne serait qu’accessoire.


Réparabilité


Dessintey a aussi travaillé la fin de vie de ses dispositifs qui doivent pouvoir être réparable à l’infini.  Les dispositifs médicaux de l’entreprise ont donc une conception mécanique sans collage afin d’être facilement démontable et donc réparable. Ainsi, les matériaux, qui sont tous recyclables, peuvent être séparés en fin de vie et restitués aux fournisseurs pour d’éventuels réutilisations. A noter que c’est parfois un challenge technique car cette conception différente doit tout de même passer l’ensemble des tests de sécurité magnétique et électrique.


Repenser la livraison


Dessintey a aussi travaillé sur ses emballages en aval et en amont de la production des dispositifs. L’entreprise passe commande à ses fournisseurs pour ensuite assembler les pièces pour ses produits. Initialement, chacune d’entre elles était livrée avec un surplus d’emballage amenant les équipes de Dessintey à devoir les gérer. L’entreprise a donc demandé à ses fournisseurs de réduire les emballages de livraison voire de livrer en caisse réutilisable ou sur palette.

De même certains produits étaient livrés dans un “pack” alors que Dessintey n’avait besoin que d’un élément de l’ensemble. Cela a été le cas avec le fournisseur de bras automatisé dont le dialogue a permis de ne recevoir que la partie nécessaire pour éviter d’envoyer le reste du produit neuf mais inutilisé au ferrailleur. Les écrans et les ordinateurs viennent encore d’Asie aujourd’hui puisque la production est concentrée là-bas. Cependant, Dessintey a travaillé avec son distributeur français pour passer d’une dalle écran par carton à 14 unités par carton et même de passer dans une caisse en bois.

Dessintey s’est contraint à la même exigence pour ses propres produits. Ils livrent en caisse réutilisable et s’assurent que ne soit fourni que le strict nécessaire. De plus, le travail de rationalisation et de simplification fait avec les designers a permis d’avoir des pièces communes a plusieurs produits et de continuer à optimiser les envois des fournisseurs ainsi qu’aux clients.
Au départ, cette initiative était liée à la genèse de Dessintey mais les équipes se sont emparés de ce sujet et se débrouillent, aujourd’hui, grâce au réseau pour sourcer des partenaires en local. Heureusement, les fournisseurs ont été à l’écoute de ces demandes et sont de plus en plus sensibles à ces enjeux, même si actuellement cela représente surtout du travail en plus.

Résultats qualitatifs et chiffres clés

Chiffres-clefs

  • 24 collaborateurs
  • Présents dans environ 30 pays
  • +250 dispositifs installés dans le monde
  • 80% de composants approvisionnés localement
  • Durée de vie des produits : 15 à 30 ans

 

Historique et perspectives de l’initiative

Date-clefs

  • 2017 : Création de Dessintey

Perspectives

L’objectif principal de Dessintey est de répondre aux enjeux de santé publique grandissants. Le vieillissement de la population et l’augmentation des problèmes cardiovasculaires entrainent un accroissement du nombre de patients pour un nombre de soignants constant voire qui décroit et des ressources limitées. Dessintey se concentre donc vers le développement d’outils pour l’auto-rééducation des patients.

L’idée est aussi de remplacer le temps d’inactivité des patients lié à la disponibilité du personnel soignant dans les centres de rééducation par ces outils autonomes.


Dessintey milite aussi pour la prise en compte des critères d’origine des composants dans les appels d’offres des acheteurs hospitaliers et appels à projet publics. Outre la sécurité apportée par la collaboration locale en termes de résilience et le bénéfice démontré de l’intensification du temps de rééducation sont des arguments de différenciation pour l’entreprise face au marché asiatique mais ces arguments sont à défendre d’un point de vue marketing, au même titre que la sensibilisation au label “"made in France”.

 

Facteurs d'accélération et freins

Freins

Un nouveau modèle économique a développé

Les produits de Dessintey ont une durée de vie estimée entre 15 et 30 ans. Cela conduit à un modèle économique qui doit garantir sa pérennité autrement que par la vente répétée du même équipement. Dessintey mise pour l’instant sur sa capacité d’innovation qui le protège de la concurrence et le démarchage de nouveaux clients qui est facilitée par l’image de marque de l’entreprise (innovation, design, écoconception, made in France).

L’entreprise avait envisagé un modèle économique basé sur l’économie de la fonctionnalité mais celui-ci n’a pas encore fait son chemin dans les pratiques hospitalières en matière de rééducation. Ces approches sont actuellement envisageables sur de gros équipements très couteux comme les scanners, mais pas pour tous les secteurs du soin.  La gestion financière se fait encore par ligne budgétaire avec des modèles d’investissements sur 5 ans, loin d’un modèle de récurrence lié à la location et à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération qui n’est pas dans les habitudes des cadres et des médecins.

A noter également que l’objectif des dispositifs de rééducation de Dessintey est d’augmenter l’intensité de la rééducation, ce qui est exclus dans un modèle économique qui serait directement proportionnel à l’utilisation et générerait un surcoût pour les établissements de soins. La vision est à l’opposée : rendre possible une rééducation intensive pour les patients !


Facteurs d’accélération

Un marché basé sur l’innovation

Dessintey n’a pas ressenti de freins réels dans la mise en place de sa coopération locale et ses innovations durables. Cependant, d’autres organisations ne se lancent pas à cause de l’appréhension du changement et des coûts estimés plus élevés. Cette démarche demande d’être curieux, ouvert et de prendre du temps en collaboration.

C’est l’absence de compétition sur le prix qui leur permet aussi de pousser ces innovations. En effet, dans le cadre d’un autre dispositif plus classique, le marché asiatique pourrait tirer les prix vers le bas et “tétaniser” les fabricants français ne pouvant pas forcément se permettre d’avoir des fournisseurs plus chers et de prendre le temps de réfléchir à leur conception au niveau ergonomique et écologique.

 

Domaines d’activités

  • Santé

Ressources

  • Métaux
  • Efficacité matière
  • Plastique
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Auteur de la page

Oriane Marignier

Chargée de mission économie circulaire Pôle Innovation et Animation Territoriale