Facteur humain et économie circulaire : pas si simple... mais incontournable !

Dernière modification le 15/03/2024 - 11:47
Facteur humain et économie circulaire : pas si simple... mais incontournable !

Séverine Millet, vous êtes consultante en accompagnement du changement auprès des métiers de l’environnement, et co-fondatrice de l’association Nature Humaine.


Pourquoi Nature Humaine ?

« Pourquoi change-t-on si peu alors que la majorité d’entre nous est informée et concernée par les enjeux environnementaux ? Telle est la question initiale qui a motivé la création de Nature Humaine.

Nature Humaine s’intéresse à la dynamique humaine du changement, à la fois psychologique et psychosociologique. Face à un fait objectif, à une solution technique (un objet écoconçu par exemple), l’individu va se positionner et réagir à travers le prisme de sa subjectivité. Cela explique pourquoi des projets très rationnels et intelligents rencontrent une telle résistance. Nature Humaine identifie ces résistances et mécanismes humains qui empêchent le changement.


En tant que consultante, j’aide les ingénieurs en environnement à envisager des stratégies qui vont créer un terrain fertile au changement. En général, on se rend compte que ce qui favorise le changement c’est de considérer ses partenaires et publics comme acteurs du changement, ce qui permet leur engagement pérenne et leur responsabilisation. Même si le technicien peut rester force de proposition, les méthodes d’intelligence collective sont indispensables.


Par ailleurs, la notion de besoin essentiel est très intéressante car elle permet de tenir compte des résistances : toute résistance est une réponse à un besoin non satisfait. Une stratégie efficiente doit donc contribuer à satisfaire ce besoin. Mais déjà il faut sortir de la confusion entre besoin et stratégie d’action. Nous n’avons pas besoin d’une voiture mais bien de pouvoir nous déplacer le plus efficacement possible : le besoin est la mobilité, et la voiture une stratégie parmi d’autres d’y répondre. Penser ainsi ouvre le champ des possibles en terme de stratégie. Or, dans notre société nous partageons des idées et des actions, générant beaucoup de conflits car chaque individu imagine sa propre solution. Le niveau des besoins est beaucoup plus fédérateur. Sur la base des besoins on peut créer une vision et amorcer un changement de représentation collective, puis seulement envisager des solutions d’action... »


Selon vous, le facteur humain est-il au cœur de la mise en œuvre de l’économie circulaire ?

« Dans son fondement, l’économie circulaire vise à reproduire le cycle naturel. Or, cette image n’est pas nécessairement parlante pour beaucoup car elle s’éloigne du profil plutôt urbain et consommateur de notre société française actuelle. A ce jour, il reste évocateur pour un public averti ou engagé, d’autant plus que notre société n’a pas de culture environnementale. Aussi, intégrer le facteur humain dans les projets d’économie circulaire est à considérer absolument, et ce, y compris au stade de la sensibilisation.
« L’économie de fonctionnalité est très intéressante car elle réinterroge la notion de besoin et positionne d’emblée la vision stratégique. L’écologie industrielle et territoriale, quant à elle, oblige de par la recherche de synergie, à mettre en confiance des acteurs, à leur faire partager une vision, une stratégie de besoin, à co-concevoir et co-élaborer. »

Pour en savoir plus :
http://nature-humaine.fr


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Source : ECLAIRA - Le Bulletin Numéro 3 / Avril 2016 édité par CIRIDD - soutenu par la Région Auvergne - Rhône-Alpes



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Rédaction ECLAIRA