Matériaux Sans Frontières: «À Montréal, la tendance en design est au réemploi»

Matériaux Sans Frontières: «À Montréal, la tendance en design est au réemploi»

 

Matériaux Sans Frontières est un projet intrapreneurial en économie sociale et solidaire d'Architecture Sans Frontières Québec (ASFQ) dédié à la récupération et au réemploi de matériaux de construction, de rénovation et de démolition (CRD). C’est l’une des cinq initiatives lauréates retenues parmi près d’une centaine par le jury des Prix initiatives circulaires 2021. Comment engager tout un secteur comme celui de la construction dans une démarche d’économie circulaire? Bruno Demers, directeur général d’ASFQ, répond à nos questions.

 

Qu’est-ce qui vous a incité à prendre une direction circulaire chez ASFQ?

Bruno Demers// Le conseil d’administration d’ASFQ s’est rendu compte à la fin 2016 d’une grande opportunité que nous n’avions pas encore exploitée. ASFQ, bras humanitaire de l’Ordre des architectes du Québec, possède un accès privilégié à tous les architectes de la province, ainsi que le statut d’organisme de bienfaisance enregistré permettant d’attirer des dons et d’émettre des reçus de charité. Grâce à cet incitatif, les architectes et les entrepreneurs peuvent encourager leurs clients à valoriser des matériaux d’une manière écologique, sociale et économique. C’est ainsi qu’est apparu le programme Matériaux Sans Frontières et l’implication d’ASFQ pour une architecture circulaire.

L’initiative nous permet de mettre en œuvre un mécanisme d’engagement social et environnemental pour notre secteur. Le secteur de la construction possède un grand impact environnemental. Ultimement, Matériaux Sans Frontières nous permet de contribuer à réduire cet impact. 

DÉCOUVRIR L’INITIATIVE

Pourquoi le don et la revente de CRD arrivent-ils en premier dans votre démarche d’économie circulaire? 

Bruno Demers// Le noyau du programme est ce modèle d’affaires qui s’articule autour du don et de la revente. On doit faire marcher ça à la base pour financer l’opération. Notre entreprise de récupération et notre centre de matériaux sont donc la priorité. 

Ceci dit, au-delà de cette initiative favorisant le réemploi, on envisage de développer des activités éducatives de sensibilisation et de mobilisation des parties prenantes. D’une part, ça fait partie de notre stratégie de communication pour favoriser l’engagement et l’adoption de notre programme de partenaires donateurs. D’autre part, ça nous permet d’engager le secteur dans des démarches responsables et de l’inciter à faire sa part. C’est un effet de levier qui permet de décupler notre impact. 

Quels sont vos principaux défis?

Bruno Demers// Il fallait avoir l’acuité stratégique et l’agilité pour refondre le modèle de notre organisation. On est arrivé à sortir de la logique de l’unique campagne de financement et à diversifier nos sources de financement. Cette acuité est nécessaire quand on veut faire un changement organisationnel de manière cohérente tout en suscitant l’adhésion et en créant de la fierté pour son équipe. 

Le défi du financement est aussi important. Il faut susciter l’adhésion des bailleurs de fonds. C’est important d’être patient et de profiter du temps nécessaire avant d’obtenir de l’appui pour se préparer.

Comment faire pour accélérer la transition vers une économie plus circulaire au Québec?

Bruno Demers// Notamment, on a besoin de preuve de concept. Il faut que des pionniers défrichent le terrain. ASFQ est dans une bonne posture pour ouvrir la voie, démontrer que le modèle fonctionne, et qu'il peut être répliqué un peu partout à différentes échelles.

De notre côté, nous commençons par Montréal parce qu’il s’agit du plus grand gisement de matériaux de tout ordre, neufs et usagés, au Québec. Il s’agit aussi d’une ville UNESCO de design très engagée envers la transition écologique, où la tendance en design est au réemploi. Les conditions gagnantes sont réunies, notamment grâce au financement accordé par la Ville dont on salue le leadership et l’engagement clair envers le réemploi des matériaux.

Notre démarche a le potentiel de contribuer à la structure du marché, pour arriver à le déverrouiller, alors qu’il est encore plutôt figé pour de multiples raisons.

Avez-vous un conseil pour les organisations qui voudraient se lancer dans un projet d’économie circulaire?

Bruno Demers// Il faut éviter que la volonté d’innover ne s’autosabote. On peut vouloir chercher des innovations au sens futuriste du terme, alors qu’il suffit de faire le tour de l’existant pour trouver des solutions qu’on avait négligées jusqu’à présent. Par exemple, Matériaux Sans Frontières reprend un modèle d’affaires existant et innove en l’appliquant à un organisme de bienfaisance, ce qui ne s’était jamais fait. 

Il faut aussi se permettre d’ouvrir les modèles à des partenariats porteurs. Notre propre modèle est à la frontière entre de multiples partenariats publics, privés et philanthropiques. La collaboration est essentielle.

Pour en savoir plus sur l'économie circulaire chez ASFQ.

Vous portez un projet d’économie circulaire ? C’est le moment de faire connaître votre initiative avec les Prix initiatives circulaires 2022 ! Inscrivez votre organisation en répertoriant votre initiative sur la cartographie interactive de la plateforme.

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Auteur de la page

Emilie Chiasson

Conseillère en communication - Économie circulaire

Modérateur

Emilie Chiasson

Conseillère en communication - Économie circulaire