[FOCUS TERRITOIRE] CITEAU, un cycle vertueux de l’eau

[FOCUS TERRITOIRE] CITEAU, un cycle vertueux de l’eau

Situé à Belleville dans le Rhône, le Centre Intercommunal de Traitement de l’Eau (CITEAU) a été conçu pour être un laboratoire d’idées dédié au développement durable et un lieu d’expérimentations. Mis en service en 2011, il est géré par le Syndicat de Traitement des Eaux Usées Saône-Beaujolais et traite les eaux de Belleville,  Saint-Jean-d’Ardières et Taponas.

À sa conception, le projet était confronté à un défi : transformer les contraintes dues à sa localisation en élément positif. Le CITEAU est en effet situé à proximité du centre-ville, à l’entrée du territoire et dans le périmètre d’un monument classé. Le syndicat a porté la volonté d’aller au-delà du simple respect des normes imposées par l’Agence de l’Eau et de construire un équipement exemplaire. Les critères pris en compte pour la conception de l’équipement dépassaient donc la réponse à sa fonction première de traitement des eaux usées et comprenaient aussi l’esthétique, la biodiversité, la consommation et la production d’énergie.
Ainsi, le bâtiment du CITEAU est équipé d’un toit végétalisé qui bénéficie à la fois à l’isolation, à la biodiversité et à l’intégration paysagère, son éclairage est en grande majorité naturel grâce à des puits de lumière et il est chauffé par récupération de l’énergie fatale contenue dans les effluents.

La biodiversité, partie intégrante du centre de traitement

La même volonté a été appliquée au terrain d’un hectare qui entoure le centre de traitement. Ce genre d’espace est souvent laissé vide, occupé seulement par une pelouse nécessitant un entretien régulier. Le syndicat a quant à lui décidé d’en faire une zone de biodiversité.
Un verger bio a été planté dès 2011, puis d’autres aménagements ont progressivement été réalisés. Le site compte aujourd’hui trois mares, dont une à vocation pédagogique, et une prairie champêtre située à l’emplacement de l’ancienne station d’épuration. L’entretien est réalisé sans énergie fossile par deux ponettes et des oies Bernache. Pour ce qui est de l’arrosage, il utilise des eaux épurées.
Le CITEAU travaille avec deux associations sur l’aménagement et le suivi de la zone biodiversité : la ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et Arthropologia, une association naturaliste œuvrant pour la protection des insectes. Une quarantaine de nichoirs accueille des oiseaux et des chauves-souris (le site a d’ailleurs été labellisé refuge LPO) et un hôtel à insectes ainsi que des ruches ont été installés.

Une station d’épuration en synergie avec le territoire

En 2012 une étude de faisabilité a confirmé la possibilité de faire bénéficier à un programme immobilier voisin du CITEAU de la récupération de chaleur issue des effluents. Le syndicat est alors devenu producteur et vendeur d’énergie via la création d’un réseau de chaleur et la mise en place de contrats de vente de chaleur. Il fournit à hauteur de 80% l’énergie pour le chauffage, le rafraîchissement et l’eau chaude sanitaire de plus de 80 logements, des bureaux et des commerces. Ce système innovant permet de diviser par trois le bilan carbone de l’ensemble immobilier qui représente une surface totale de 9 000 m2. Ce système est aujourd’hui en train d’être agrandi. En outre, les boues d’épuration de la station sont valorisées en compostage agricole et les sables sont lavés pour être réutilisés.

Pourquoi intégrer  les enjeux de biodiversité dans les projets d’économie circulaire ?

Pour le président du syndicat, Frédéric Pronchéry, la biodiversité devrait être intégrée dans tous les projets, et ce, à différents degrés selon leur nature. L’assainissement est très coûteux pour les collectivités, pourtant elles ont plutôt tendance à cacher les stations d’épuration. À l’inverse, à Belleville l’idée est de montrer ce qui se fait dans la station, l’accent est mis sur la pédagogie et l’exemplarité du site.
Les aménagements en faveur de la biodiversité permettent de compenser l’urbanisation et l’artificialisation qu’entraîne la construction d’équipements. Au CITEAU, ces aménagements ont aussi un rôle pédagogique important. En effet, la station ouvre ses portes, notamment aux scolaires, afin de faire découvrir ses différentes fonctions : assainissement, production d’énergie et réserve de biodiversité. Elle donne à voir un cercle vertueux du cycle de l’eau.

« Il ne devrait pas y avoir de projets sans biodiversité »

Comment mieux prendre en compte le volet environnemental et notamment la biodiversité ?

La prise en compte de l’environnement implique de concevoir des projets qui ne remplissent pas seulement un usage unique, c’est une volonté qui doit être défendue. Dans le cas du CITEAU, les orientations prises résultent d’une volonté politique forte de la part des élus des trois communes concernées. Il faut aussi prendre conscience que le « budget biodiversité » représente un coût peu élevé en comparaison du coût total de tels équipements. Les incitations, notamment financières, et la réglementation, ont un rôle important à jouer pour une meilleure intégration de critères tels que la biodiversité dans les projets. Ces derniers nécessitent en outre l’expertise de professionnels.

Pour mettre en place des projets innovants, comme la récupération de chaleur fatale, il s’agit également de convaincre les partenaires (ici les parties prenantes du programme immobilier : promoteurs, constructeurs, acheteurs…), ainsi que les financeurs (l’Agence de l’Eau, l’ADEME, la Région AuvergneRhône-Alpes et le département du Rhône).

Les innovations et les démarches mises en œuvre au CITEAU sont reconnues jusqu’au niveau national, la production d’énergie intéresse notamment pour son potentiel reproductible. L’ambition est dorénavant de continuer sur cette voie-là, d’insuffler la même volonté dans les autres projets du territoire de la communauté de communes.

Crédit photos :  CITEAU


Source : ECLAIRA - Le Bulletin N°11/ juillet 2018

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Bulletin édité par CIRIDD - soutenu par la Région Auvergne - Rhône-Alpes

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Rédaction ECLAIRA