[FOCUS RECYCLAGE] Préservation du Haut Marais de Cœur, un partenariat entre Michelin et le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Auvergne pour protéger la biodiversité

[FOCUS RECYCLAGE] Préservation du Haut Marais de Cœur, un partenariat entre Michelin et le Conservatoire d’Espaces Naturels d’Auvergne pour protéger la biodiversité

Depuis sa découverte en 2008 au cœur des pistes de Ladoux, le Haut Marais de Cœur est préservé par Michelin et le Conservatoire d’Espaces Naturels (CEN) d’Auvergne. Parmi les derniers prés salés de Limagne, ce site naturel constitue une curiosité géologique rare due à la remontée d’eau minérale profonde. L’Auvergne est une des deux seules régions à accueillir des marais salés à l’intérieur des terres métropolitaines.

Quels sont les actions et moyens mis en place pour la protection de cette zone ?

Afin de préserver ce milieu naturel aux forts enjeux environnementaux, deux plans de gestion successifs ont été réalisés, définissant les actions à mettre en place. Les principaux objectifs atteints ont été de:

  • Préserver la ressource en eau en qualité et quantité grâce à l’absence de drainage et de remblaiement ;
  • Maintenir la végétation salée par une extension de la zone protégée ;
  • Favoriser la diversité biologique des zones tampons grâce à des semis de fétuque* élevée et à la diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires (objectif 0 phyto fixé pour 2030) ;
  • Améliorer les connaissances naturalistes du site : des mousses et coléoptères rares ont été découverts sur le site (études spécifiques financées par Michelin en 2016 et 2021) ;
  • Améliorer les connaissances globales sur les sources et prés salés, avec par exemple le financement d’une étude sur les individus de Plantain maritime du bord de mer et d’Auvergne ;
  • Associer tous les acteurs et sensibiliser le public par la réalisation de panneaux de sensibilisation, la présence lors des journées de l’environnement et l’appropriation du pré salé par les salariés.

Quelles sont les perspectives ?

En 2022, l’entreprise lance un projet ambitieux :

Ladoux 2030, un plan de gestion pour favoriser la biodiversité en accord avec les priorités du terrain d’essai, la sécurité et la compétitivité des installations. Le premier objectif de Ladoux 2030 est d’élargir la prise en compte des aspects biodiversité aux 400 ha du site industriel.

Pour cela un plan d’actions d’envergure a été validé, intégrant la mise en place d'éco-pâturages, la définition d’un plan de fauche avec des zones très tardives, la préservation des coteaux secs, la restauration d’un autre marais, etc. Il permet aussi d’inscrire l’action de Michelin dans son contexte en prenant bien en compte les trames vertes et bleues par la plantation de plusieurs kilomètres de haies, la renaturation d’un ruisseau traversant le site, les actions en faveur des plantes messicoles (liées aux cultures), etc. Autant de projets venant conforter les corridors écologiques dans cet espace entre plaine céréalière et zones péri-urbaines. L’ambition à long terme est de reproduire les actions de préservation sur l’intégralité des sites volontaires du groupe en Europe.

Quels sont les moyens mis en place pour la réalisation de ces actions ?

Pour la préservation du Haut Marais de Cœur, le groupe Michelin réserve 5 000 € par an pour la mise en œuvre des actions de gestion et de préservation. Ponctuellement, il peut aussi financer des études exceptionnelles. Le CEN Auvergne conseille le service environnement dans les choix en s’appuyant sur son expérience de gestionnaire d’espaces naturels. En ce qui concerne Ladoux 2030, le travail est porté principalement par le service Environnement Prévention.

Un alternant a été dédié à la réalisation du plan : collecte et synthèse des données, concertation, rédaction et proposition d’actions. Un travail conséquent  de coordination des services a été nécessaire, chacun ayant des contraintes spécifiques : Direction, Environnement- Prévention, Sureté (confidentialité du site), Sécurité (responsable des essais sur piste), Immobilier (gestion des parcelles), Agricole (tests agraires). L’appui de Natura’Ladoux, association de collaborateurs pour la connaissance et protection de la biodiversité, a permis de faciliter la consolidation des informations. Ces bénévoles viennent sur site sur leur temps personnel et réalisent des sorties naturalistes (oiseaux, orchidées, etc.). Ils ont permis l’installation de ruches et d’un verger.

Le CEN Auvergne soutient fortement Ladoux 2030 : l’étendue et les ambitions données, dans le contexte de la Limagne agricole, en font un projet pilote. En tant que gestionnaire d’espaces naturels et animateur territorial, il apporte son soutien sous forme d’un appui auprès des collaborateurs en charge du projet sur des solutions techniques ou méthodologiques.

Qu’est-ce qui facilite le développement des actions ?

La bonne appropriation des enjeux biodiversité par l’entreprise a été un facteur d’accélération pour ce projet. D’abord de la part de la hiérarchie ; la direction donne l’impulsion pour l’adaptation, dans la mesure du possible, des méthodes et processus pour innover sur le volet biodiversité et environnement ; et ensuite, de la part des collaborateurs ; intéressés et motivés, qui s'emparent du sujet et prennent des initiatives pour dynamiser l’action de l’entreprise sur ce site. En complément, la sécurité des installations (circuits de tests notamment) et la sureté industrielle apportent un cadre et des obligations dont on ne peut s’affranchir.

La bonne appropriation des enjeux biodiversité par l’entreprise a été un facteur d’accélération

L’historique du projet

La découverte du marais en 2008 a coïncidé avec la mise en œuvre des premières préconisations puis actions de gestion en 2010. Ce contexte favorable a permis la mise en place d’une convention de partenariat en 2011, aboutissant à la rédaction de la première notice de gestion en 2013. Les piézomètres** pour le suivi de la nappe alluviale ont été installés en 2015. En 2019, une deuxième notice de gestion a été produite. Le périmètre du site naturel a été augmenté de 2,2 ha en 2021 pour atteindre presque 5,5 ha de zone protégée. Quatre plantes menacées sont préservées sur le marais : le Plantain maritime, le Jonc de Gérard, le Lotier maritime et le Myagre perfolié, les trois premières étant liées aux milieux salés et la dernière aux cultures. D’autres espèces sont connues sur le terrain d’essai:lA’ donisd’automne et l’Ophrys bécasse (orchidée) pour la flore, des coléoptères rares, le crapaud calamite, le Milan noir, l’Oedicnème criard en ce qui concerne la faune, etc. L’ensemble du terrain d’essai fera progressivement l’objet d’inventaires et fera très certainement ressortir de nouveaux enjeux naturalistes. Plusieurs actions sont réalisées pour la préservation et la connaissance de la biodiversité : l’installation et suivi de piézomètres, la pose de barrières, la réalisation d’études naturalistes, etc.




Source : ECLAIRA - Le Bulletin N°25 / Avril 2023

Lire en ligne le Bulletin ECLAIRA N°25

Télécharger en PDF le Bulletin ECLAIRA N°25

Lire d'autres articles de ce numéro

Consulter tous les bulletins ECLAIRA

Bulletin édité par le CIRIDD - soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes

Partager :
603
Auteur de la page

Arthur Bonglet

Community manager