[Focus initiative] La Conserverie mobile et solidaire : du local au bocal

[Focus initiative] La Conserverie mobile et solidaire : du local au bocal

La Conserverie mobile et solidaire est un fourgon aménagé sur le modèle des food trucks permettant d’aller à la rencontre des habitants pour réaliser des ateliers de transformation de fruits et légumes.

L’idée est née des réflexions des trois centres sociaux de Romans-sur-Isère sur l’accès à une alimentation saine, bio et locale pour les habitants, notamment ceux en situation de précarité. Aucun dispositif semblable n’existait alors en France.

Le projet est intégré dans la dynamique Start-Up de Territoire initiée par le Groupe Archer (Cf. Article Focus démarche de territoire). Il est porté par les centres sociaux réunis sous le nom de La Coopération, avec l’appui d’acteurs locaux.

Des objectifs et impacts multiples

La Conserverie se fournit auprès d’une trentaine de producteurs locaux et labellisés bio offrant gracieusement leurs produits en surplus ou déclassés, non valorisés autrement. Une montée en compétences des habitants impliqués dans la fabrication s’opère et les conserves bénéficient pour partie à des familles en situation de précarité.

La Conserverie est un outil convivial de sensibilisation sur l’alimentation et les modes de consommation. Elle concrétise le concept de circuit court et fait le lien entre le rural et l’urbain. Les habitants prennent conscience de tout ce qui est cultivé à proximité et ont une meilleure connaissance des producteurs locaux.

Plus globalement, les projets Start-Up de Territoire, en conjuguant le modèle start-up et développement social, sont générateurs de dynamique territoriale et d’utilité sociale. Les habitants ont une meilleure vision du territoire, ils peuvent participer à son développement économique tout en prenant concrètement conscience des enjeux environnementaux.

 

 

Un projet participatif et coopératif

La Conserverie s’appuie sur la montée en compétence d’habitants bénévoles formés aux techniques de mise en conserve et au respect des normes liées à la production alimentaire.

Une personne est employée à mi-temps pour assurer le lien entre les centres sociaux, les producteurs, les communes de l’agglomération Valence-Romans et toutes les structures susceptibles de faire appel à la Conserverie. Le projet mobilise également régulièrement trois animatrices des centres sociaux romanais.

Vers un modèle économique équitable et viable

Afin de trouver un modèle économique permettant une relative indépendance financière du projet, La Coopération travaille avec l’association Agricourt pour intensifier l’activité de transformation de la Conserverie.

L’idée est de donner accès aux producteurs bio à la Conserverie pour qu’ils puissent transformer et vendre leurs productions non valorisables économiquement autrement (produits en trop petites quantités, en surplus ou déclassés).

 

Une logique d’innovation sociale…

Le développement du pouvoir d’agir des habitants, quels qu’ils soient, est au cœur de l’action des centres sociaux. Chacun a des capacités et son mot à dire dans ce qui se fait sur le territoire. Les habitants doivent être intégrés à la recherche de solutions et dans les solutions. L’innovation sociale est la manière dont on place l’Humain dans la problématisation et dans les solutions. Associer un maximum de personnes « lambda » est précisément la démarche de Start-Up de Territoire.

…indispensable aux projets d’économie circulaire

L’innovation sociale renvoie aussi au changement de pratiques. Qu’il s’agisse de bio, de circuit court ou de développement durable, il faut être dans le concret. Pour changer les pratiques et faire réfléchir les gens, cela passe par une somme de petits gestes qui questionnent ce que l’on consomme, jette, répare…

La conscientisation découle d’actes. Faire des conserves c’est utiliser moins de sel, de sucre, ne pas avoir besoin de conservateurs ni de congélateur et moins gaspiller. Le regard sur la consommation change et le consommateur prend conscience qu’il a du pouvoir.

On ne peut pas faire d’économie circulaire sans prendre en compte les consommateurs, qui deviennent alors des consom’acteurs. Dans le montage des projets il faut penser au côté matériel mais aussi aux utilisateurs. 

Quels outils pour intégrer l’innovation sociale dans les projets ?

La Coopération conduit une démarche d’évaluation de l’impact social, c’est à-dire qu’elle s’interroge sur les effets des différentes actions aussi bien sur les habitants que sur la vie du territoire. De manière générale, elle cherche à définir le bien vivre sur le territoire. Pour répondre à ces questions elle fait appel à d’autres acteurs : les habitants, les acteurs économiques, etc.

La « fleur de l'utilité sociale », réalisée par La Coopération, permet d’entrer en dialogue avec les entreprises et d’aborder avec elles la question de la gouvernance, des richesses locales, de l’environnement… Cet outil est également parlant pour les habitants qui ont ainsi pu qualifier et quantifier les différents impacts de leurs actes.

Avec des outils comme celui-ci, la prise en compte de l’innovation sociale est améliorée et un maximum d’habitants et d’acteurs sont associés. Plusieurs structures d’ampleur nationale s’intéressent d’ailleurs à la démarche de La Coopération et au déploiement de son outil.

Pour en savoir plus


Source : ECLAIRA - Le Bulletin N°12 / Octobre 2018

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Bulletin édité par CIRIDD - soutenu par la Région Auvergne - Rhône-Alpes


Crédit illustrations : Conserverie mobile & solidaire

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Auteur de la page

Rédaction ECLAIRA

Modérateur

Vincent Jay

Chef de projets