Economie circulaire : une solution face à la crise ? Interview de Romain Ferrari

Economie circulaire : une solution face à la crise ? Interview de Romain Ferrari

En période de crise, on cherche un sens et notamment à l'économie actuelle. Une solution de plus en plus partagée est l'économie circulaire. Romain Ferrari, entrepreneur français nous partage ses constats et son retour d'expérience de mise en pratique de l'économie circulaire.
Le réseau Genie en janvier 2016 avait eu la chance de receuillir son témoignage (à retrouver ici).

La crise sanitaire actuelle est en lien avec notre mode de production et de consommation

Les scientifiques mettent en avant le fait qu'il y a un lien direct entre les changements opérés sur la terre et cette crise sanitaire. Ces changements qui sont notamment la déforestation ou le changement climatique comme conséquence sont causés par les modes de production et de consommation qui sont très intenses en ressources matérielles et énergétiques.

L'enjeu n'est pas petit mais vaste ; il concerne le métabolisme des activités économiques.

Le métabolisme actuel est basé sur une consommation annuelle mondiale de 90 milliards de tonnes de ressources, soit 10 tonnes par an et par habitant. Dans les pays développés, cela représente 20 tonnes par an et par habitant.

Pour donner des exemples concrets :

- Une voiture représente 1 tonne de matériaux mais mobilise 13 tonnes de matériaux.

- Un smartphone a mobilisé 300 fois plus de matériaux que le poids qu’il représente.

Cela signifie que derrière les biens consommés ou les services permettant la consommation de bien, ce que le consommateur ne voit pas c'est son l'empreinte matérielle. Or l'équilibre viable est de 5 tonnes par an et par habitant. Ce niveau de consommation matériel permettrait de vivre avec le nombre actuel d'habitant à l'échelle mondiale sans impacter le climat, la biodiversité, sans créer encore plus de déforestation et donc sans créer les causes et les conséquences que l'on voit aujourd'hui avec la crise sanitaire.

Parallèlement, une des problématiques importantes est que le rendement des métaux diminue et les matériaux se raréfient. Cela a pour conséquence qu’il faut extraire plus de minerais et qu’il faut utiliser plus d’agents chimiques pour purifier les minerais (cuivre, métaux par exemple). A cela s’ajoute le fait que cette intensité matérielle est entrain de croître beaucoup plus vite que la croissance économique actuelle.

L’économie circulaire
A l’échelle des industriels, comment agir ?

Au début du processus de fabrication d’un produit, il est nécessaire de fabriquer au maximum avec un allier qui est performant et optimum en termes de ressources qu’est la nature. Dès que l’on se reconnecte à la nature, on obtient des rendements excellents. C’est pourquoi le choix doit être porté sur des ressources durables et utiliser des matériaux qui sont légers.

Lorsque l’on fabrique des articles, il y a toujours un moment où il faut couper, ajuster, éliminer. C’est à ce moment-là que des actions en matière de recyclage ou de valorisation énergétique font sens et permettent de satisfaire un rendement global convenable.  

Pour passer de 20 tonnes à 5 tonnes par habitant, nous comprenons que nous devons diviser par 4 l'empreinte matière. De manière pratique, cela passe par :

  • Faire mieux avec moins
  • Consommer des choses 2 ou 3 fois plus légère
  • Les faire durer 2 fois plus longtemps
  • En fin de vie, les recycler : le recyclage n'arrive donc qu'en bout de chaîne

A l’échelle individuelle comment agir ?

Au niveau individuel, il serait intéressant de repenser notre modèle de bien-être et notre mode de vie ? Dans les 20 dernières années, nous avons associé des moments de bonheur, des moments de plaisir et de sens à des intensités matérielles et énergétique forte. La question est : A-t-on besoin de se déplacer aussi loin ? A-t-on besoin d’être entouré par un niveau de technologie et de communication à très haut débit ?

Deux modèles économiques se présenteront après la crise

Arès la crise actuelle, deux modèles économiques vont s’opposer :

  1.  Un modèle économique qui considérera que cette crise était une parenthèse et qu’il faut reprendre le modèle d’avant la crise avec le même état d’équilibre. Ce système induirait des efforts pour que la machine économique soit relancée plus vite, induisant potentiellement de la détaxe, une relance rapide de toute les usines, des investissements massifs sources de consommation forte de matériaux.
     
  2. Un modèle économique qui considérera que cette crise est un avertissement sévère et qui montrerait qu’elle est réellement liée et associée aux modes de vie passés. Pour éviter que cela se reproduise et en tirer les pleines conclusions :  les implications seraient la mise en place de modes de production plus sobres, plus léger et mieux connecter avec notre environnement et qui évite tous ces phénomènes de changement climatique et de déforestation.

 

 

Cette interview de Romain Ferrari a été réalisée le 6 avril 2020 par la RTS (Marc Mueller, Jonas Schneiter) dans Naviguons à vue. Pour la réécouter cliquer ici

Pour plus d'information sur l'entreprise Serge Ferrari et ses actions concrète en économie circulaire, retrouver les articles suivants :

Focus entreprise : Serge Ferrari, de l’analyse du cycle de vie à l’économie circulaire (eclaira , le réseau d'économie circulaire en Auvergne Rhône Alpes)

 Economie circulaire : imposer des matières recyclées dans les produits neufs (Journal le Monde) Article dans lequel le Canton de Genève est cité.

 

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Auteur de la page

Rédaction

Modérateur

David Martin

Associé